Ma nationalité

 

Ma nationalité, j'la dois à Badinguet

Qui nous a annexés : nos aïeux n'étaient pas français.

Sans avoir rien d'mandé, niçois et savoyards

Ont changé leurs papiers en restant sur leur territoire.

Pendant des décennies c'était Lyon ou Paris,

Partir, éviter l'hiver, trimer, fuir la misère.

Ils quittaient leur famille allaient de ville en ville,

Comme de pauvres migrants, rev'naient travailler aux champs.

 

La situation a changé, les flux sont inversés,

On est colonisés, on craint pour l'identité.

On reste européens, en Savoie on le sait bien,

Juste une affaire de puissants qui décident à la place des gens.

 

Il n'y a de frontières, que pour les propriétaires,

Quelques anciens seigneurs qui prospèrent en semant la peur.

Des territoires occupés, y en a plus que jamais :

Cachemire, Palestine et Crimée, Kurdistan ou Tibet.

 

Les gens qui quittent leur terre, fuient la faim ou la guerre

Avec le bel espoir, la liberté faut y croire.

Ils traînent sans papiers, ils cherchent à travailler

Dans leur nouveau pays, donnons-leur vite un abri.

 

Ma nationalité, j'la dois à Badinguet

Qui nous a annexés... Faut-il se sentir français ?

 

Denis Richarme 2025